Rodrigo Capo Ortega

Rodrigo Capo Ortega (Castres) : «Je rêve de jouer jusqu'à 40 ans»
Publié le vendredi 26 octobre 2018 à 17:27 | Mis à jour le 26/10/2018 à 20:06 par Laurent Campistron pour l'Equipe
À 37 ans, le deuxième-ligne castrais égalera ce samedi à Clermont le record de matches joués en Première Division de Thibaut Privat (342). L'occasion de retracer ses 17 saisons au CO.
CASTRES (TARN) - Ces deux dernières semaines, Rodrigo Capo Ortega avait les glandes. Comme à chaque fois qu'il ne joue pas. Écarté à cause d'une copie insipide rendue face au Stade Français (9-14), en Top 14, le deuxième-ligne uruguayen a suivi les deux premiers matches européens de son équipe à la télé ou en tribune. Faut dire qu'il n'a pas trop l'habitude de faire banquette, Capo, même à son grand âge (37 ans). Voilà seize ans, depuis son arrivée à Castres, en 2002, qu'il tourne à la moyenne vertigineuse de vingt matches de Top 16 ou Top 14 par saison, phases finales incluses. Ce samedi après-midi, à Clermont, il égalera d'ailleurs le record du plus grand nombre de matches disputés dans l'élite (342), jusqu'ici détenu par le Français Thibaut Privat, retraité des terrains depuis 2017.
 
«Vous allez égaler et bientôt battre le record d'un autre deuxième-ligne. On dirait que ça conserve d'évoluer à ce poste...Oui, les avants durent un peu plus que les trois-quarts. J'imagine que c'est parce qu'avec l'âge tu perds de la vitesse. C'est forcément plus handicapant quand tu joues à l'aile ou à l'arrière. Quand tu évolues en deuxième-ligne, ça "chicaille", mais il n'y a pas de secret, si tu travailles avec sérieux et si tu fais attention à ton hygiène de vie, tu peux jouer longtemps.
Thibaut Privat, ça vous parle ?
Oui, on a discuté plusieurs fois ensemble. C'est un bon mec. Je me souviens qu'il allait au charbon (sourire).
Ce record (il égale les 342 matches en Première Division) a-t-il une grande signification pour vous ?
Oui. C'est une fierté énorme. Quelque chose que je n'aurais jamais atteint si je n'avais pas rencontré ma femme, Julie. Une Albigeoise qui parle espagnol aussi bien que moi. Elle m'encourage constamment, contrôle ce que je mange, trouve toujours les bons mots quand il faut me "triquer". Parfois, je m'énerve sur elle, mais c'est un ange.
«Je suis un travailleur de l'ombre. Je ne fais pas rêver les supporters, je laisse ça aux trois-quarts» - Rodrigo Capo Ortega
Vous avez aussi eu la chance de ne jamais vous blesser gravement...
Oui, je touche du bois (il pose la main droite sur son crâne). Au club, tous les mecs rigolent quand ils me voient faire ce geste, mais ils sont de plus en plus nombreux à m'imiter. La pire blessure que j'ai subie, c'était aux lombaires lors d'un match à Toulon, au début des années 2010. J'avais été absent trois mois et demi.
Y a-t-il quelqu'un, là-haut, qui veille sur vous ?
Oui. Elle s'appelle Santa Teresa des Andes. Je vais vous raconter une histoire. Quand j'avais deux ans, j'habitais au Chili, où ma mère était diplomate. Un jour, on m'a sorti inanimé d'une piscine. Je ne respirais plus. Il se trouve que quelque temps avant, sur son lit de mort, ma grand-mère maternelle avait confié à ma mère une photo de cette vierge chilienne qui avait déjà accompli beaucoup de miracles. À cette époque, ma mère s'était un peu éloignée de la religion. Mais le jour où j'ai eu cet accident, la première chose qui lui est passé par la tête est de demander à Santa Teresa qu'on ne lui enlève pas son fils. Trois secondes après, un type est entré dans la pièce pour lui dire que j'avais réagi au massage cardiaque. Depuis ce moment, Teresa est toujours avec moi. On a d'ailleurs appelé ma fille Julia Maria Teresa.
Quels étaient vos rêves lorsque vous êtes arrivé en France au début des années 2000 ?
C'était de jouer en Première Division. J'ai débarqué à Millau (Fédérale 1) en février 2002 comme joker médical. J'y ai joué neuf matches et marqué dix essais. Je ne parlais pas un mot de français. J'ai eu rapidement des propositions de clubs du Top 16, et c'est mon agent qui servait d'intermédiaire. Quand les dirigeants de Millau ont appris que j'étais sollicité, ils m'ont demandé : "Si on te donne tant, tu restes un an de plus ?" Mais non, mon rêve était de jouer au plus haut niveau. Et j'ai signé à Castres.
Aviez-vous eu du mal à quitter l'Uruguay ?
Oui, parce que je suis très attaché à la famille. Chez moi, c'était maman qui faisait à manger, maman qui faisait le lit, etc. Du coup, à vingt piges, quand tu es choyé comme ça, c'est dur de partir à 10 000 kilomètres sur un autre continent, dans un pays avec une autre langue. J'aurais pu craquer, à des moments, mais ma famille m'a toujours soutenu. Ça valait le coup de tenir.
Quel homme étiez-vous, à vingt ans ?
J'étais hyper timide, réservé. Je disais oui à tout le monde en baissant la tête. Venir en France m'a poussé à me réveiller. Si j'étais resté le même, je me serais fait bouffer.
Le rugby est-il très différent aujourd'hui de ce qu'il était il y a seize ans ?
Les joueurs sont devenus des athlètes. Tu vois des ailiers de 110 kg ou plus. Les chocs font plus mal. Je suis plus souvent secoué aujourd'hui que je ne l'étais au début de ma carrière. Avant, c'était physique, mais ça n'allait pas aussi vite. Là, il faut courir partout, mettre plus de force dans les impacts, être plus tonique. Je joue aussi à un poste qui a énormément évolué. En deuxième-ligne, on nous demande de savoir tout faire. Il faut attaquer avec le ballon, plaquer, sauter en touche, pousser en mêlée... Et comme les troisième-ligne aile évoluent de plus en plus comme des ailiers en phase d'attaque, c'est aux deuxième-ligne de percuter avec le ballon. Tu fais une action, tu te relèves et tu recommences !
Y a-t-il quelque chose qui n'existe plus dans le rugby d'aujourd'hui et que vous regrettez ?
Avant, tu pouvais t'expliquer virilement avec un mec. T'échangeais quelques castagnes pour enlever les brûlures (sic), l'arbitre te réprimandait gentiment et c'était terminé. Les choses se faisaient loyalement, tu n'avais personne qui venait t'en mettre une par-derrière.
Vous considérez-vous comme un joueur de rugby talentueux ?
Je ne vais pas vous mentir. Pendant des années, j'ai joué sur mes acquis. Je ne faisais pas trop attention à mon hygiène de vie. Aujourd'hui, j'ai changé. Je travaille dur, et quand j'entre sur un terrain, c'est pour tout donner. Mais je suis plus un travailleur de l'ombre qu'autre chose. Je ne fais pas rêver les supporters, je laisse ça aux trois-quarts (sourire).
Quel est le geste de rugbyman qui vous caractérise le plus ?
Le plaquage. Pour moi, la meilleure façon d'attaquer est d'avoir une bonne défense. J'ai toujours aimé ça. Quand j'étais gamin, déjà, je me régalais à plonger dans les jambes de mes copains pour les faire tomber.
Y a-t-il des stades, en France, où vous n'avez jamais gagné ?
Je n'ai jamais battu le Stade Français à Jean-Bouin. Sinon, je pense avoir gagné partout. Même à Toulouse ! La saison dernière, quand on l'avait enfin emporté là-bas (31-41), je n'étais pas dans le groupe. Du coup, j'avais entendu un journaliste dire que j'étais sûrement le chat noir du CO. Ça m'avait énervé. Alors, quand j'ai fini par y gagner sur le terrain cette saison (22-26), je suis allé le trouver : "Alors, c'est qui le chat noir ?" 
Le dernier joueur emblématique à avoir effectué toute sa carrière pro dans le même club est Aurélien Rougerie, à Clermont. Il a eu droit à sa statue devant le stade Michelin. À quand le buste de Rodrigo Capo Ortega devant Pierre-Fabre ?
On verra (il rit) ! Ça me remplirait de fierté, évidemment. Qui refuserait une distinction pareille ?
À quel âge comptez-vous arrêter ?
Je rêve de jouer jusqu'à quarante ans. Le problème, en France, c'est qu'on a plus souvent tendance à évaluer les joueurs par rapport à leur âge que par rapport à leurs performances. Mais je sais que si le CO me proposait deux ans de plus, je tiendrais mon engagement.
Vous sentez-vous plus Français qu'Uruguayen aujourd'hui ?
Je ne renie surtout pas mes origines. Mon pays, c'est l'Uruguay. Mais la France a fait de moi un homme, m'a donné une femme, deux enfants et la possibilité de vivre de ma passion. Aujourd'hui, je me considère donc plus Français qu'Uruguayen.
Les gens vous reconnaissent-ils dans la rue, en Uruguay ?
Pas trop. Après le titre de champion, la saison dernière, un journaliste uruguayen m'a appelé pour m'interviewer. Il m'a notamment demandé si j'étais connu à Castres. Bah oui, bien sûr que je le suis. Et même dans la France entière ! Le mec a paru surpris... »
Teulet, Cudmore, Urios, Reggiardo... SON MEILLEUR SOUVENIR : «Le titre de la saison dernière remporté avec le brassard de capitaine. Ce jour-là, j'ai réalisé tout ce que je rêvais de faire.»L'ADVERSAIRE QUI L'A LE PLUS IMPRESSIONNÉ : «Par rapport à mon poste, c'est Jamie Cudmore (ex-Clermont). Un joueur monstrueux, dur, costaud en attaque et en défense.»LE PARTENAIRE QUI L'A LE PLUS MARQUÉ : «Romain Teulet (ex-arrière et buteur du CO). Un jour, il m'a dit : écoute Rodrigo, donne-toi les moyens d'aller au top, parce que tu ne le fais pas. Comme ça, le jour où tu arrêteras, tu n'auras aucun regret. C'est quelque chose qui m'est resté.»L'ENTRAÎNEUR QUI LUI A LE PLUS APPORTÉ : «Il y en a deux : Mauricio Reggiardo et Christophe Urios. Le premier ne m'a pas entraîné longtemps, mais le peu de temps où il a été là (à Castres), au printemps 2015, j'ai apprécié la façon dont il a redonné confiance à une équipe qui luttait alors pour son maintien. Le second était déjà coach des avants quand je suis arrivé au club, en 2002. J'aime ce qu'il est : un coach travailleur, droit et humble.»

L'Equipe

Malgré toute la sympathie que j'ai pour lui, je ne le prolongerais pas en tant que joueur, les places non jiff sont devenues trop chères. Idem pour Smith.

Potionmagix a écrit:Malgré toute la sympathie que j'ai pour lui, je ne le prolongerais pas en tant que joueur, les places non jiff sont devenues trop chères. Idem pour Smith.

Tout à fait d'accord. D'ailleurs Smith ne devrait pas être prolongé par le club.

https://www.larep.fr/sports/rugby/2018/10/27/castres-capo-ortega-egale-le-record-de-matches-de-privat_13033058.html

Potionmagix a écrit:Malgré toute la sympathie que j'ai pour lui, je ne le prolongerais pas en tant que joueur, les places non jiff sont devenues trop chères. Idem pour Smith.

Disons qu’il ne pourra certainement plus enchaîner les matchs, mais il est très compliqué de ne’ pas le prolonger, c’est un tel monument....

juanito13 a écrit:

Potionmagix a écrit:Malgré toute la sympathie que j'ai pour lui, je ne le prolongerais pas en tant que joueur, les places non jiff sont devenues trop chères. Idem pour Smith.

Disons qu’il ne pourra certainement plus enchaîner les matchs, mais il est très compliqué de ne’ pas le prolonger, c’est un tel monument....

Malgré qu'il veuille prolonger car il se sent encore capable de jouer , il faut recruter du sang neuf à sa place

Faudra ériger une statue à sa gloire au stade

Félicitations à nôtre monument du Castres Olympique pour son record de longévité en top 14, et battre le record de match disputés dans l'élite du rugby Français.

Je pari sur une entrée en solitaire sur la pelouse de Pierre Fabre Samedi , sous les ovations du public pour son record battu.

Moi je le prolongerai, il va être important l'an prochain d'assurer une transition entre l'ancien staff et le nouveau staff, à ce titre Rodrigo à un rôle à jouer en tant que joueur, quitte à le faire jouer peu de matchs

Si MR ramène un joueur dans sa valise, j'aimerais bien que ce soit Marchois.

Rugbyrama.fr : Capo Ortega éternel
https://www.rugbyrama.fr/rugby/le-chiffre-du-jour/2017-2018/top-14-rodrigo-capo-ortega-castres-eternel_sto6993115/story.shtml

Ca doit faire quelque chose d'établir un record qui ne sera, probablement, jamais battu!
el commandante!!!

👏🏈👍💪✌👏

Et le paradoxe c'est qu'il n'est pas Jiff !!!

lacazebasse a écrit:Je pari sur une entrée en solitaire sur la pelouse de Pierre Fabre Samedi , sous les ovations du public pour son record battu.

Et si Capo peut inscrire l'essais de la victoire contre les vilains palois ça serait top

le jardinier a écrit:Et le paradoxe c'est qu'il n'est pas Jiff !!!

C'est le principal problème. Les places non jiff sont chères.
On peut bien lui trouver une place dans le staff, je pense en attendant qu'il passe tous ses diplômes de coach.

Rugbyrama.fr : Castres : Capo Ortega devra encore patienter pour le record
https://www.rugbyrama.fr/rugby/top-14/2018-2019/top-14-rodrigo-capo-ortega-castres-devra-encore-patienter-pour-le-record_sto6996584/story.shtml

Et si on ne compte que le top 14 (depuis 2005) ça donne quoi ?

Dans ces conditions, il ne pourra pas battre le record.
Il doit encore faire 47 matches en Top 14 pour battre celui de Privat.

45 matchs je crois

Potionmagix a écrit:Dans ces conditions, il ne pourra pas battre le record.
Il doit encore faire 47 matches en Top 14 pour battre celui de Privat.

Cela peut être un objectif pour Rodrigo. Il joue contre Pau donc reste 44 matchs. Reste au moins 17 matchs en 2018-2019. Faudrait qu'il joue une ou deux saisons encore. Avec une bonne hygiène de vie, la santé et l'envie ...

loulou a écrit:Rugbyrama.fr : Castres : Capo Ortega devra encore patienter pour le record
https://www.rugbyrama.fr/rugby/top-14/2018-2019/top-14-rodrigo-capo-ortega-castres-devra-encore-patienter-pour-le-record_sto6996584/story.shtml

Quel amateurisme d'avoir annoncé les chiffres sans certitude...nul

Drop64 a écrit:

loulou a écrit:Rugbyrama.fr : Castres : Capo Ortega devra encore patienter pour le record
https://www.rugbyrama.fr/rugby/top-14/2018-2019/top-14-rodrigo-capo-ortega-castres-devra-encore-patienter-pour-le-record_sto6996584/story.shtml

Quel amateurisme d'avoir annoncé les chiffres sans certitude...nul

Je ne comprend pas comment une erreur de plus de 40 matchs a pu être commise, T.Priva doit bien se marrer, je ne pense pas que R.Capo Ortéga puisse encore jouer 40 ou 45 match en top 14, cela ferais pratiquement 3 saisons supplémentaires, sans compter d'éventuelles blessures qui ne feraient que de rallonger la saison suivante.

JL8166 a écrit:

Drop64 a écrit:

loulou a écrit:Rugbyrama.fr : Castres : Capo Ortega devra encore patienter pour le record
https://www.rugbyrama.fr/rugby/top-14/2018-2019/top-14-rodrigo-capo-ortega-castres-devra-encore-patienter-pour-le-record_sto6996584/story.shtml

Quel amateurisme d'avoir annoncé les chiffres sans certitude...nul

Je ne comprend pas comment une erreur de plus de 40 matchs a pu être commise, T.Priva doit bien se marrer, je ne pense pas que R.Capo Ortéga puisse encore jouer 40 ou 45 match en top 14, cela ferais pratiquement 3 saisons supplémentaires, sans compter d'éventuelles blessures qui ne feraient que de rallonger la saison suivante.

Je ne sais pas si Privat se marre, mais pour le reste entièrement d'accord.
Même Wiki donne le bon chiffre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Thibaut_Privat

Privat a tout de même 19 saisons d'élite (de 1998 à 2017), alors que Capo 15 ou 16....ce qui explique les écarts.

RR avait annoncé un autre chiffre (471 ), qui parait surréaliste (à moins qu'il compte les divisions inférieures).

https://www.rugbyrama.fr/rugby/top-14/2016-2017/top-14-lyon-julien-bonnaire-et-thibaut-privat-la-retraite-de-deux-monuments_sto6129778/story.shtml